"N'avouez jamais"

(J. Cocteau)

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Bryologie

Coussinets de mousses incognitos
Coussinets de mousses incognitos

Le règne des immortelles

Il y a 400 millions d’années, les mousses sont parmi les premiers végétaux à se libérer du milieu aquatique pour conquérir la terre ferme. Leur durée de présence sur notre planète dénote d’une résistance aux plus grandes catastrophes naturelles à travers les ères géologiques. Ce qui incite à s’agenouiller pour observer de plus près ce petit univers.

 

Ces plantes sans fleurs, sont parmi les plus primitives du règne végétal, mais elles possèdent un atout fabuleux : la capacité de reviviscence. Grâce à leur structure cellulaire primitive, elles peuvent rester desséchées très longtemps et renaître à la vie dès la première goutte de rosée. Ici la simplicité élémentaire fait face au tumulte du Monde.

Toujours de petite taille, serrées densément dans des touffes de sororité, les mousses absorbent l’eau au niveau de leurs cellules et la stocke en grande quantité. Quand les mousses manquent d’eau, elles se dessèchent et entrent en léthargie. Elles semblent mortes mais reprennent vie dès la première averse. Certaines ont ainsi repris force et vigueur après plusieurs années coincées dans un herbier !

Par tous les temps

Il en existe près de 15000 espèces dans le monde entier, préférant l’ombre et l’humidité mais pouvant vivre sous les climats les plus extrêmes. Elles affectionnent aussi bien les torrents glacés des montagnes, les rochers du grand Nord ou les arbres des forêts tropicales. Les sphaignes sont leurs cousines et jouent un rôle prépondérant dans les tourbières où leurs cellules gonflées d’eau se décomposent par couches humifères successives… lentement : ces vieilles dames n’ont plus d’âge et prennent leur temps.

Les mousses abondent à Paris sur les ponts de la Seine, les murets des squares ou les arbres des rues. Lorsque l’humidité est suffisante, la barbule des murs (Tortula muralis) ponctue de ses coussinets verts bouteille, les plaques d’accès au monde souterrain

 

Une autre cousine des mousses, l’hépatique à thalle (Lunularia cruciata) s’étale souvent sur les talus humides ; elle possède de jolies corbeilles en demi-lune où patientent sagement les propagules qui reproduiront son espèce à la prochaine ondée salvatrice.

'Lunularia cruciata' épanouie
'Lunularia cruciata' épanouie
La barbule des murs face à la Seine
La barbule des murs face à la Seine

Une faible notoriété

Le petit monde tranquille des bryophytes, ne passionne pas les foules. Pour le commun des mortels, la caractéristique la plus notable des mousses est leur stupéfiante ressemblance, et leur nuisance notoire dès lors qu’elles s’installent en toiture ou maculent un joli crépi blanc.

Le 19e siècle fut leur âge d’or, période où des botanistes passionnés passèrent des heures à collecter, identifier, nommer et classer ces petits êtres verts ; l’époque fait dire à tort que la mousse préfère le côté nord des arbres : l’on n’avait pas encore distingué les lichens qui sont, eux, les véritables boussoles naturelles. Aujourd’hui le sujet d’étude est peu populaire pour ces végétaux discrets que l’on piétine sans vergogne. Il est vrai que les mousses n’ont guère d’usages économiques ou commerciaux. Quelques bryologues férus poursuivent cependant leur quête moussue et se livrent parfois aux querelles que génère la révision des genres. Un regain d’intérêt pourrait toutefois venir des mousses aquatiques dont la capacité de ‘bio-indicateur’ commence à poindre notamment pour détecter le seuil des métaux lourds polluants les eaux douces.